Moments de vérité

Le théorème du monde parfait...

Dans un monde parfait, il n'y aurait ni souffrance, ni maladie, ni perte. 
Mais ce monde ci n'est pas parfait... Sous-entendu qu'il y en aurait d'autres ? 

Je préfère ne pas attendre de vérifier le théorème, personne n'ayant confirmé à ce jour.
Et m'accommoder de celui où j'ai atterri à mon corps défendant - tête la première cabossée contre le fond de la cuvette en émail dans la chambre à coucher de ma grand-mère maternelle- et auquel je m'entête (merci la cuvette et la bosse) à donner une seconde chance.

Dans ce casting, on m'a pas filé le job de super héroïne, même si j'aurai sûrement été mimi avec une jupette et une couronne à la WonderWoman. Aussi quand les aléas de la vie s'amusent de ma candeur sans cesse intacte, je tombe les deux genoux à terre. Les aléas obéissent à des cycles inégaux en durée. Pas moyen d'anticiper un minimum, histoire d'être prête à enfiler son gilet pare-balle ou sa bouée de sauvetage, selon la force des éléments. Sans ultimatum, la tuile t'explose à la tête, et là tu te dis que c'est le casque intégral dont il aurait fallu t'équiper.

Moi, c'est souvent à poil que me chopent les aléas. Ni casque ni gilet ni bouée. Pas même le pudique pagne du christ en croix pour préserver ma vulnérable carapace. De plein fouet. Je ne me drape jamais de méfiance naturelle, de fatalisme de bonne augure. Dès que ça a la couleur du bonheur, la saveur du bonheur, j'ai une mémoire de poisson rouge, trois secondes maximum. Je croque joyeusement, à pleine dents. Disque vierge de bosses anciennes. Je me méfie pas des trains qui en cachent un autre. Et si je tombe sur un coup de froid, sans même le susdit pagne, ma foi...

J'aime pas croire en La présence omniprésente qui gèrerait nos destinées. Mais je finis par me demander si karma il y a et si pour le profil de poste du mien, quelqu'un s'est entêté à inscrire maladie dans la colonne Compétences. Pas la mienne. Celle de qui j'aime. Mon job sur terre ca doit être çà. Pas le rôle principal mais juste le second. Pas tête d'affiche. Pas moi qui souffre. 

Peux que regarder l'autre se noyer, impuissante ou tout comme. 

Peux juste lancer la bouée. Enrager, taper du pied, me débattre à sa place. Même pas prier, c'est pas dans mon script. Trop d'empathie que me disait ce recruteur qui avait rien compris à mon ADN.

Ya des castings où je voudrais bien ne plus avoir le profil idéal. Au moins pour un temps. J'ai pas les yeux plus gros que le ventre, suis pas trop gourmande. Juste un peu de répit pour ne pas avoir toujours à être la plus forte.

Le coffre imaginaire

Sur une feuille de papier, j'ai dessiné un coffre. Et dedans j'ai mis mes obsessions du moment. Et j'ai dessiné une clé aussi. 

  '"Et t'as mis quoi dans ton coffre, Zoé ?"

Mon ventre. 
Ca ne m’angoisse plus depuis que l'ai enfermé.

  "Et la clé t'en as fait quoi ?"

Je l'ai mise dans le pot de fleurs de l'entrée.

 "Et t'as mis quoi d'autre dans ce coffre ?

Mes peurs.  
De grandir.  
D'être séparée de toi. 
De te quitter. 
Ma peur du jour où tu vas mourir. 
Mon angoisse quand je suis avec des gens qui ne me rassurent pas. 
Ma hantise de ne pas vouloir me dépenser physiquement. 

 "..."

J’ai inventé aussi un sac à pensées positives.
Celui là n’est pas réel.

"Ah celui là, il l'est pas ?"

Il est juste dans ma tête.
J'arrête pas de le recommencer parce que j’oublie vite ce que j’ai mis dedans.

Mettre des mots tous crus d'enfant sur l'anorexie

En découvrant sur feuille rose perforée à grands carreaux la liste des questions que sa fille va poser au pédo psychiatre urgentiste, elle s'est souvenue qu'elle aussi avait eu très peur quelques jours auparavant. Elle a même commencé à méchamment paniquer quand le médecin généraliste a fait tomber le couperet avec ses mots tous crus de toubib. Ecoutez, c'est une anorexie mentale déjà très envahissante. Votre fille est vraiment en danger. Il faut l'emmener aux urgences. Maintenant ! La mère et la fille sont sorties du cabinet aussi tétanisées l'une que l'autre et pas uniquement à cause du froid de cette fin janvier. Chacune avec ses démons. Impossible de communiquer. Langue au chat. Regard fuyant à éviter. Dans la rue, aucun trottoir à soulever pour se cacher dessous. Pour pouvoir fuir la réalité, ne pas affronter les épreuves qui s'annoncent. Si elle avait pu, à cet instant, elle aurait filé sa dém' de son job de maman. Toute façon, elle n'en avait pas d'autre de job en ce moment duquel démissionner. Faut croire que ça tombait bien, qu'elle se disait à elle même dans sa tête en se dirigeant vers la voiture. Et puis, tout s'est mis à tourner en bippant pour ouvrir les portières. Et elle est restée là, figée sur le trottoir, en apnée, à l'idée d'emmener sa fille aux urgences pédiatriques.

L'hosto, l'unité, les médecins en blouse blanche, le professeur du service détesté au fil des mois, les protocoles, les infirmières, les traitements, la peinture indéfinissable des murs, la rampe qui longe interminablement les couloirs, les lits, les draps jaunes... Les odeurs. Les malades. Les odeurs. La tristesse peinte sur les visages. Les odeurs. Leurs maladies omniprésentes. Les odeurs. Jusque dans ses propres fringues, ses cheveux, sa peau, son sommeil, ses rêves. L'impuissance. Les potences qui roulent le long des couloirs. Le bip bip des distributeurs de morphine. Les odeurs. La résignation imprimée dans les regards. Toutes ces heures passées ensemble à ne plus perdre une minute sans l'autre. Accepter. Accepter l'inacceptable. Et enfin espérer et attendre la mort qui apaise. Les gestes à apprendre pour permettre à l'homme de sa vie de mourir. Donner la mort comme elle avait donné la vie. Même douce délivrance, même douce euphorie. Inconcevable à en avoir envie de fuir aussi. Et puis décider de vivre, vivre, vivre. A nouveau. S'acharner à reprendre des forces pendant ces douze années pour être quoi, finalement ? De nouveau celle qui accompagne dans la maladie une personne proche tous les jours, tous les jours, tous les jours.

NON ! Elle se dit qu'elle ne va pas pouvoir. Elle a peur de ne pas pouvoir revivre ça. Elle a peur de ne pas réussir à l'aider. Elle a peur d'avoir usé toutes ses forces à tenter de rester en vie. Et si tout recommençait à nouveau et qu'elle la perde, aussi. Qu'elle ne réussisse pas à la sauver elle non plus. 

Elle a appelé au secours son homme d'aujourd'hui. Elle a laissé un message. Cent pas dans un sens sur le trottoir au milieu des passants qui s'en foutent bien tranquillement, cent pas dans l'autre. Il l'a rappelée vite entre deux réunions. Elle a raconté. Paniquée, essoufflée, incohérente. Il l'a calmée avec ses mots bien soupesés, rassurants, persuasifs. Elle a cessé de hoqueter et de renifler. Elle a réalisé que sa petite était juste là, à côté, déjà assise à l'avant dans la voiture, à portée de voix de ses terreurs, de ses défaites, de son impuissance coupable... jamais vraiment digérées. Sa petite qu'elle voit enfin, comme pour la première fois depuis tous ces mois d'aveuglement maternel, là, toute seule avec sa propre angoisse, sa terreur tue trop longtemps et personne pour l'aider que cette maman déboussolée. Sa toute petite, sage, quasi muette depuis des semaines, si fluette et amaigrie qu'elle est presque devenue grise et transparente. Dans sa pauvre petite figure, ses yeux de ce jaune moutarde si étrange, héritage paternel, creusés cernés noyés de peur indicible et de solitude. Et ce regard désemparé de pauvre écureuil apeuré qui chuchote au secours maman en silence, c'est comme un électrochoc qui ramène enfin à la vie.

Verbaliser... enfin.

Hôpital Robert Debré

Qu'est ce que l'hospitalisation ?
Qu'est ce que je mangerai ? J'ai peur de ce que je vais manger.

J'AI PEUR

Combien de temps me ferai-je hospitaliser ? 
Devrai-je tout le temsp rester allongée ?

J'AI PEUR

Vais je voir mes parents ?
Quel est l'objectif de l'hospitalisation ?

J'AI PEUR

Vais je pouvoir skier ?
Comment m'en sortir ?

J'AI PEURJ'AI PEUR
J'AI PEUR

Janvier 2010

Tant à dire... et puis non, rien.

Colère froide qui submerge.
Rage impuissante et inutile.
Refuge ici.
Mais les mots manquent..
Toujours d'actualité.

Note publiée en juin 2007

Pour tous ces instants où les mots justes manquent.

Trouver le juste moment, le juste mot, la juste compassion. Me souvenir de ceux que j'ai détesté, sur qui j'ai craché parce qu'ils ne savaient pas être là.
Me souvenir de ceux que j'ai détesté parce qu'ils étaient là, avec leurs mots creux.
Écho qui ne parvenait pas jusqu'à moi.
Ceux qui ont évoqué le temps qui guérit de tout.
Glisse. Et lisse nos secousses. Efface les traces.

Menteurs. Faudrait inventer une technologie qui transmette les pensées de tristesse partagée.
Sans rien dire de superflu. Rien qu'on ne saurait tenir avec certitude.
Pouvoir cliquer sur une touche, les transformer en baume apaisant.
Une autre touche… et puiser de l’énergie dans sa colère.
Encore une autre, et l’impuissance ne terrasse plus notre courage.
Faudrait changer tellement de choses inéluctables.

Trop de mots vains.

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Photo des tâches de couleur "coquelicot" volée chez Bob.
Commentaires d'origine ici.

Dézinguer les valoches...

Le Monsieur m'a dit : "Quand on se traîne des valoches pareilles, ya qu'un moyen de s'alléger, c'est de dézinguer les poignées !" Dont acte.
Je hais le 8 mars. 

Rien à voir avec la journée internationale de la Femme qui a la primeur de la date depuis, pfffffff, bien 25 ans pour la France, 5 de mieux du côté Nations Unies. Non vraiment rien à voir. Je respecte et adhère bien souvent à toute action en faveur des libertés, des droits, de la protection, de la dignité, de l'éducation des Femmes.

Laissez-moi vous servir juste deux exemples parmi tous ceux qui viennent illustrer cette journée symbolique. Deux seulement, mais qui me tiennent à coeur, soit qu'ils me le soulèvent (le coeur) soit qu'ils me l'ébranlent (toujours le coeur).

Le 1er m'écoeure et tient dans cette illustration publicitaire d'une marque illustre de la mode. Une femme est plaquée au sol par un homme, la scène est observée par 4 autres bellâtres. Spectateurs passifs qui s'en foutent ? Qui attendent leur tour ?  Apologie de la brutalité conjugale ? Banalisation du viol ? Incitation à la violence sexuelle ? 

Les comités d'éthique réprouvent, parait-il, encore que il semblerait que la campagne ait échappé à leur sévère vigilance. Les femmes également. Les blogueuses pareillement. Cath dénonce ici l'infâmité. Mimie s'indigne et réagit avec sa bannière.

Déjà interdite en Espagne, la campagne est à présent retirée dans le Monde entier, assortie d'un communiqué digne de 2 merdeux pris sur le fait dans les toilettes de l'école. 

Ecoeurant, disais-je !  C'est décidé, Dolce & Gabbana, je boycotte... toute façon ça tombe bien, j'ai pas les moyens !

                                                                      * * * * * * * * * * * * *

Le 2nd m'ébranle et s'illustre par ce constat* que :

Dans 70 pays de notre planète, la plupart des filles sont mises sur le marché du travail dès l’enfance. Une fillette qui n’a pas reçu d’éducation a 80% de risques supplémentaires de subir un mariage forcé, d’être exploitée sexuellement, de subir des violences conjugales, ou d’élever des enfants sous-alimentés ou analphabètes.

Lorsque l’on éduque les femmes, leur pays tout entier se porte mieux : baisse de la malnutrition, de la mortalité infantile, de la propagation du sida, meilleure situation économique. (* source www.toutes-a-l-ecole.com )

Je suis une incorrigible rêveuse. Je rêve d'un monde meilleur dans lequel, tout comme je peux offrir à mes 2 crakottes adorées une éducation parentale et scolaire, chaque mère puisse prétendre pour son enfant et particulièrement sa fille aux mêmes droits.

A lire tous ces mots juste ci-dessus, oui mon coeur s'ébranle, alors je soutiens, j'insère la bannière dans mes colonnes et je fais la réclame de l'action "La rose Marie-Claire" : vendue 3 €, dont la moitié est reversée aux associations, la rose blanche vous attend du 5 au 11 mars chez les fleuristes,  lles boutiques Caroll, les magasins Botanic, les hypermarchés Carrefour, et en bouquets sur www.interflora.fr. Toutes les infos sont ici.

Vous, vous ferez bien comme vous voudrez... Chacun sa façon de célébrer les Femmes de sa vie. Mais moi, ASF, demain j'offrirai des roses blanches aux femmes que j'aime... Mes 2 mamans, la vraie et la belle(-maman), mes 2 soeurs, mes amies et collègues qui comptent pas pour du beurre, et puis j'en garderai quelques unes pour moi, symboliques, une pour chaque crakotte, les vraies et les fausses aussi (elles se reconnaîtront si elles passent par là), une dernière pour une absente chérie.

A toute plus, 
ASF

PS : Quoi ? Vous savez toujours pas pourquoi je hais le 8 mars ?!
Bah, quand j'aurais trouvé les poignées, vous serez sûrement parmi les 1ers informés du dézinguage des valoches...

Sandwich hilarant

Trajet Maison Ecole, 8h50, la Mamoune au volant de son Rav4, la Kracott n°2 attachée derrière :

- Mamoune, tu sais ce que c'est un sandwich ?
- Heuu... bin oui... pourquoi ?
- Non, mais pas un sandwich comme tu crois.
- Ah ? bin quoi alors comme sandwich..
- Dis me gronde pas hein ?
- Attends ma chérie, un sandwich, c'est un sandwich, pourquoi veux tu que je te gronde (qu'est ce qu'elle va me sortir là ?)
- Eh bin c'est comme ça comme les garçons appellent la minette des filles.
- (......)  D'aaaaaaccooooooord ma chérie

Whaoooh, en voilà un début de journée qui démarre sur les chapeaux de roue. J'emmène la Kracott n°2 à l'école primaire... Tout va bien, c'est jamais qu'une de ces petites discussions décalées dont elle seule détient la recette. Déjà je sens que je vais me marrer... jaune !

- Et tu sais c'qui disent aussi dans la cour, les garçons ?
- Vas-y ma chérie, je suis prête ! (je me suis accroché des 2 mains au volant pour maitriser mon amusement et me préparer au pire)
- Des fois, ils appellent ça... la chatte.
-... (Mamoune déglutit) Tu m'en diras tant, ma puce ? (Et là, je peux pas m'en empêcher, je me marre grave et pour alimenter la thématique, je balance un poil provoc...;) Et leur zizi, ils leur donnent des noms eux aussi ?
- Euh oui, mais là je peux pas dire tu vas vraiment me tuer !
- Oh non, ma chérie, je rigole trop, vas y...
- T'es sure que tu veux savoir ?
- Vas y, j'apprends plein de choses ce matin ....
- Y en a qui disent les couilles !
- Ah mais non, ça c'est pas le zizi, c'est... bin.. c'est... (vite, vite, un éclair de génie) c'est les coucougnettes...
- Arrrr Mort de rire les coucougnettes (et là, je vous épargne le rire tonitruant de ma cadette) et puis les boules aussi, ils disent !

Sauvées par le gong ! Je me gare devant l'école, la Crakotte comme chaque matin se penche vers l'habitacle conducteur et me tend sa joue peau de pêche. J'ai des rires qui bouchonnent encore plein la gorge.

- Bonne journée, Mamoune, je t'aime !
- Passe une bonne journée, ma fofolle... Gardes moi le reste pour ce soir...
- Ah ah les coucougnettes...

Et de s'esclaffer à nouveau, genre Satanas et Diabolo, le petit chien au rire satanique des Fous du Volants de mon enfance. Et moi, balancée entre sidération amusée et amusement sidéré, j'essaie de me souvenir si gamine, du haut de mes 9 ans (de pisseuse) j'avais pareilles informations, pareil aplomb, pareille compréhension des choses finalement simples de la vie. En fait, je ne me pose même pas la question, j'en connais déjà la réponse. Indubitablement, c'est non.

Et j'ai beau tenter de venir à bout du délicieux fou rire qui me tient sur le chemin du retour, en me promettant de lui faire la leçon genre..." bon tu connais des mots bof-bof, j'ai bien capté, mais je veux pas te les entendre distribuer autour de toi..." ya quand même pas à tortiller, je trouve tout aussi indéniablement qu'elle va être sacrément belle cette journée !