A J-5 de la date fatidique, je dévale tout schussssss la piste noire de la dépression. Depuis ce matin, j'ai -comme qui dirait- lâché les bâtons. Du coup, dans les virages, mes carres ne mordent plus rien, nothing, niente, nada.
Après une bénéfique mais brève embellie (positive attitude, ouverture de blog, contacts assertifs...) se déchaîne sur moi depuis quelques jours une averse de bad attitude.
Encore quelques mètres de piste et pour sûr, je me prendrai un sapin de plein fouet.
Et parce qu'écrire me manque, je re-blogue un p'tit coup.
Voilà le pourquoi du silence, de l'absence de notes, de commentaires aux autres bloggueurs.
Histoire de ne pas transformer ce blog-emploi en blog-défouloir, parce que finalement tout ce que j'aurai vraiment envie d'écrire c'est ma déception, mon ressentiment, ma colère, mon désarroi, ma peur.
A côté de cette peur-là, le bizutage de la porte de prison c'était de la roupie de sanssonnet.
Aux bloggueurs qui m'écrivent directement sur mon adresse mail, m'interrogeant sur l'absence de données professionnelles, je réponds que Un, c'était un teasing, manière d'attirer l'attention (on peut toujours s'illusionner) et Deux, encore en poste je préfère rester discrète, partagée entre la loyauté à une culture d'entreprise en perdition et la tentation vaine de déballer le ressentiment.
Au coach qui m'encourage par mail et m'incite à bien vouloir partager les difficiles circonstances traversées actuellement, je n'ai pas encore répondu (désolée Pascal :-)
Parce ma nature me pousse à débusquer obstinément des points positifs dans ce mauvais passage.
Parce que je n'ai pas encore mené à son terme cette rupture professionnelle, sa phase de deuil.
Parce qu'il serait peu constructif d'exposer une situation dans laquelle je suis encore engluée jusqu'au cou, sans le recul nécessaire pour tirer le meilleur du pire.
Je ne suis pas seule engluée. Nous sommes quelques centaines à subir le même sort. Certains pas encore fossilisés dans l'histoire de cette boîte, d'autres, espèce se raréfiant, qualifiés de dinosaures accusent entre 15 et 20 ans de service, de savoir-faire, de relations avec nos clients, avec certains collègues.
J'appartiens à la race des dinosaures. J'ai, fortement ancrées dans mon comportement professionnel, des valeurs managériales, une culture d'entreprise, une culture client. Ca colle à la peau. C'est comme le papier peint qu'on essaie d'enlever et qui reste collé aux doigts. On a beau secouer, y'a pas moyen de s'en défaire. A moins d'user de moyens radicaux....
Vente, fusion, nouvelle direction, ré-organisation, etc...
Fi des valeurs, fi de la culture d'entreprise, fi de la culture client...
Management par la fuite, par l'absence de communication, par le déni du savoir-faire, de l'expérience.
Déstabilisation par l'absence d'informations, de mission, par l'isolement, la mise à l'écart, la mise au placard.
Les moyens radicaux... ca aide à décoller les multiples couches de papier peint du confortable mais néanmoins détestable placard dans lequel je stagne, cogite, décortique, masochise, bloggue depuis bientôt un mois.
A J-5 de la date fatidique, je chouine encore que je donnerai mon royaume pour le moindre projet à conduire, une mission même toute petite, même pas complexe qui m'occuperait les méninges, me tirerait un peu de jus de crâne (comme on dit chez les dinosaures), viserait à satisfaire ne serait ce qu'une poignée de clients reconnaissants. En vain...
A J-5, ma colloc d'infortune peine à nous faire partager son amour de la qualité bien ordonnée (A comme Audit, B Baromètre, C Caredas, D...)
D comme Dépression. Comme Dernière semaine avant la Dernière Date prévue pour que le CE rende son avis sur la ré-organisation à la Direction, le 11 juillet prochain.
Et mon compte à rebours égrène désormais un nombre à un chiffre. 5, 4, 3, 2....D'où la peur.
OUPS, un sapin !
Allez, on secoue la neige glacée qui s'est glissée insidieusement sous la carapace, on récupère les skis déchaussés, on ajuste les lunettes, on plante les bâtons d'un coup bien sec... et on repart tout schussssss !
Parce que demain est le 1er jour du reste de ma vie.
ASF, J-5
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