Bien la première fois que ma double progéniture n'est pas physiquement à mes côtés pour me souhaiter cette fête des mères avec leur belle innocence, leurs adorables objets de plâtre et leur collier de pâte à sel aux chatoyantes couleurs qui déteignent sur les pulls. Anyway, elles ont passé l'âge des cadeaux made in primaire. Quelque temps déjà qu'elles entâment leur argent de poche pour m'offrir le CD ou le DVD que je convoite (le dernier c'était le Zest of de Zazie).
Alors cette année si space, moi en banlieue parisienne, elles en banlieue lyonnaise, je me suis sentie impatiente, fébrile, en attente de leur appel. Et quand la sonnerie a retentie vers 11h ce matin à quelques minutes de décalage, l'une sur le mobile, l'autre sur le fixe, la grande - oreille gauche, puis quasi simultanément sans s'être concertées, la petite - oreille droite, je me suis sentie maman comblée, maman émue, maman qui compte, maman aimée. Maman quoi. Avec deux petits appels de rien du tout et de quelques minutes.
J'ai souri le coeur léger en constatant la queue qui s'allongeait devant Marionnaud, ouvert ce dimanche matin pour permettre en consommant aux papas retardataires de faire plaisir aux femmes de leur vie.
Alors j'ai pensé à mes propres mamans... l'une biologique, si lointaine, si distante, si différente, si perdue... l'autre adoptive de coeur, si présente, si dévouée, si impliquée, si sollicitée.
Au resto chinois, j'ai entendu cette dame qui entamait la conversation avec son voisin et lui disait qu'elle n'avait plus de maman à qui souhaiter sa fête, que de toute facon on n'a pas le choix et que c'est la vie. J'ai pensé à ma mère biologique qui depuis 13 ans n'entend plus sa Carmencita lui dire bonne fête maman. J'ai pensé à ma mère de coeur qui depuis 11 ans n'entend plus son fils unique lui dire bonne fête maman.
Alors je suis sortie du resto chinois et j'ai appelé dans l'ordre légitime la première de mes mères, à l'autre bout de l'Espagne, avec une tendresse inhabituelle qui l'a surprise elle, et moi aussi. Et j'ai appelé la seconde, grand mère de mes crakottes, dans le désordre naturel mais affectif.
J'ai raccroché submergée par la pensée d'un jour pas si lointain où il n'y aura d'autre réseau que spirituel pour leur dire que je les aime chacune à ma façon si différente et particulière. Bouleversée aussi par la pensée suivante et logique où les prunelles de mes yeux pourraient à peine penser à leur mère en terme génétique, voire n'y plus penser du tout.
Si vous avez la chance encore d'avoir une mère, voire plusieurs, naturelle ou de substitution, posez tout, prenez votre téléphone, pensez à lui dire qu'elle compte pour vous, aujourd'hui, demain qu'importe le jour, tant qu'il est temps.
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